Hiroshima
Depuis le début de notre planification du voyage au Japon, Hiroshima faisait partie des villes que nous voulions visiter. Nous avons eu l’occasion de visiter beaucoup de lieux et musées dédiés ou abordant la Seconde Guerre mondiale : le Mur de Berlin, le Musée Historique Allemand, le Musée de l’Insurrection de Varsovie, le Musée de l’Histoire des Juifs polonais… Nous avons également pu visiter Pearl Harbor lors d’un voyage à Hawaii quelques années avant le présent périple. Nous voilà désormais à Hiroshima, autre lieu témoignant de notre histoire récente, mais cette fois-ci dans une autre perspective.
Petit rappel historique – 6 août 1945
Hiroshima est tristement célèbre pour avoir été la première ville à subir la bombe atomique. Le 6 août 1945 à 8h15, « little boy » explose à 600 m d’altitude de la ville, rasant sur son passage une portion de la ville et emportant de nombreuses vies. L’histoire se répète quelques jours plus tard sur la ville de Nagasaki, et sera suivie de l’abdication du Japon. Le temps a passé, mais les symboles et la commémoration de l’explosion sont des plus présentes. Et pour toutes ces raisons, on ressent une certaine gravité lorsque l’on visite Hiroshima. Pas partout bien entendu, les rues commerçantes, les restaurants et la vie de quartier rappellent qu’heureusement la vie a repris le dessus. Mais le parc du Mémorial de la Paix d’Hiroshima – conçu par l’architecte Kenzō Tange – est là pour commémorer les événements et diffuser de nombreux symboles pour la paix.
Le Dôme de Genbaku
C’est l’image que l’on connaît le plus d’Hiroshima : le dôme de l’ancien Palais d’exposition industrielle du département d’Hiroshima. Le 6 août matin, le dôme n’a pas été complétement détruit par la bombe : il reçoit son souffle quasiment à la verticale ce qui lui permet de conserver au moins ses fondations. Le bâtiment est désormais l’un des symboles forts d’Hiroshima, et son nom actuel est des plus éloquents : Genbaku étant l’abréviation de genshibakudan qui signifie bombe atomique en japonais.
La Flamme de la paix
Installée en 1964, la flamme est au centre d’une importante sculpture extérieure. Kenzō Tange l’a conçu afin de symboliser la lutte contre les armes nucléaires. Le message qu’il veut diffuser avec cette flamme: « Let’s keep burning the fire until nuclear weapon is eliminated from the entire earth ». Devant la flamme se trouve également le cénotaphe* du parc de la Paix (il s’agit de l’arche que vous pouvez voir sur la photo ci-dessous). Sur le cénotaphe est inscrit : « Reposez-vous en paix, nous ne referons pas les erreurs du passé. », le « nous » désignant ici l’humanité toute entière.
* Cénotaphe : monument funéraire qui ne contient aucun corps, dédié à la mémoire d’une personne ou d’un groupe de personne
Statue des enfants de la bombe atomique
Ce monument commémore les nombreux enfants victimes de la bombe, et en particulier Sadoko Sasaki. Cette fillette est décédée en 1955 d’une leucémie contractée suite à son exposition aux radiations de l’explosion. Sadoko est devenue une icône pour la paix grâce aux nombreuses grues en papier qu’elle réalisait durant sa maladie. En effet, une ancienne tradition japonaise dit que son vœu peut être exaucé si on réalise 1 000 grues en papier. C’est ce que Sadoko a fait, souhaitant sa guérison. Depuis, la statue est constamment ornée de grues en papier réalisées par des enfants du Japon et du monde entier qui partagent le même souhait : un monde sans guerre nucléaire.
Musée du Mémorial de la Paix d’Hiroshima
Un lieu à ne pas manquer, ce musée rappelle les faits historiques et expose de nombreux témoignages. Il relate l’impact de la bombe via une impressionnante reconstitution 3D. Mais outre les faits historiques, ce qui m’a semblé le plus marquant dans ce musée sont les objets présentés : de nombreux objets retrouvés dans les décombres, le plus célèbre étant la montre arrêtée à l’heure de l’impact, mais aussi le tricycle d’un enfant ou encore des morceaux de vêtements de victimes. De quoi replacer le fait historique dans le quotidien des victimes.
Parc du Château d’Hiroshima
Le château d’Hiroshima a été totalement détruit par l’explosion (et reconstruit depuis). Néanmoins, dans le parc du château, on peut voir plusieurs arbres qui ont subi et survécu à l’explosion. On les appelle les A-bombed trees.
Gen d’Hiroshima
La Seconde Guerre mondiale est une période tristement fascinante de notre histoire. Beaucoup de contenus de toutes formes existent sur le sujet. Pour comprendre et ressentir davantage comment la guerre a été vécue du côté des civils japonais, je vous recommande la série de mangas « Gen d’Hiroshima », de Keiji Nakazawa. Il s’agit d’un manga autobiographique, adapté en français et en anglais. Je n’ai pour le moment lu que les 2 premiers tomes (sur 10) mais rien que ces deux portions sont un excellent témoignage. Ces ouvrages abordent le quotidien d’une famille en temps de guerre, leurs difficultés et la discrimination dont ils sont victimes étant donné leur position pacifiste. Le récit arrive rapidement au jour du bombardement, moment tragique et difficile à lire, tout comme les événements qui suivent. On y parle de décès, mais aussi de blessures et surtout de comment les rescapés d’une famille s’organisent pour survivre.
On y aborde également des thèmes auxquels nous sommes moins exposés de notre côté de l’océan, particulièrement la discrimination contre les Coréens vivant au Japon durant la guerre. Attention, bien qu’il s’agisse d’une bande dessinée, les images sont éloquentes (non adaptées pour un jeune public) et la charge émotive très forte. Je vous l’accorde, nous sommes loin d’une lecture relaxante, mais les passionnés d’histoire et les amateurs de lecture apprécieront cette autobiographie qui relate sans filtre les événements historiques, et cela à travers les yeux de Gen, alors âgé de 6 ans lors du bombardement.