Séjour à Phnom Penh
Samedi 20 janvier. Notre visa vietnamien touche à sa fin, il est temps pour nous de nous rendre au Cambodge, où notre premier arrêt se fera à Phnom Penh, capitale du pays.
Arrivée au Cambodge
Se rendre au Cambodge depuis Saïgon est très facile. Dans notre cas, nous avons pris un bus de la compagnie Giant Ibis. Départ à 8h30 et arrivée en milieu d’après-midi à Phnom Penh, pour 38 USD pour deux (eau et collation comprise). Le trajet se fait sans encombre, avec une pause de 25 minutes pour le déjeuner.
Concernant le passage à la frontière, celui-ci s’est fait également facilement. À noter que nous avions déjà nos visas pour le Cambodge (réalisé en 24 h au Royal Consulate General of Cambodia à Saïgon) mais que ceux qui le souhaitent peuvent le faire faire à la frontière par l’agent du bus moyennant 5 USD de frais + 30 USD de coût pour le visa.
Une fois au Cambodge, notre première tâche est – comme toujours – de sortir de la monnaie locale. Hors ici, deux monnaies cohabitent : les dollars US et les riels cambodgiens. Globalement, les distributeurs fournissent des dollars américains et les commerçants rendant les petits montants en riel. Rien de compliqué mais cela induit une petite gymnastique de portefeuille au début. Attention, les distributeurs sortent souvent des billets de 100 USD, peu appréciés dans les petits commerces. N’hésitez pas à les «casser» dès que possible ou à demander des petites coupures à votre hôtel.
S 21 : le musée du génocide de Tuol Sleng
Il y a à peine 40 ans, les Khmers rouges prenaient le pouvoir au Cambodge, mettant en place un régime de terreur sans nom. Durant cette période (1975-1979), on estime que 1,7 million de Cambodgiens sont tués par le régime de Pol Polt, soit près d’un Cambodgien sur quatre.
Pour mieux comprendre ce difficile pan de l’histoire, une visite de la prison S-21 s’impose. Je dois avouer que je n’étais pas fan au début de visiter de nouveau un « musée de guerre », surtout après la visite des tunnels de Co Chi qui m’avait laissé un profond malaise (je vous en parlais ici). Mais cette fois-ci, je recommanderais à quiconque la visite de ce lieu.
Attention, la visite n’a rien de facile. Rappelons que S-21 était le centre de détention le plus secret des Khmers rouges. Entre 12 000 et 20 000 personnes y furent emprisonnées et torturées, et seuls 12 personnes y survécurent…
Les propos et les éléments présentés sont très durs, à la fois visuellement et émotionnellement. Mais le tout est présenté avec une justesse de ton ainsi qu’une certaine pudeur qui font honneur à l’histoire, ainsi qu’aux victimes. L’audioguide est indispensable pour la visite. Tout au long de la visite, le narrateur nous guide à travers les différents bâtiments de S-21. Il prendra soin de nous prévenir lorsqu’une salle expose des images violentes et nous proposera d’écouter des témoignages additionnels, et là encore nous préviendra lorsqu’ils sont particulièrement difficiles.
La visite est donc intense mais le propos est juste et ne tombe jamais dans le sensationnalisme. Au final, chaque visiteur repart en emportant avec lui un petit morceau d’histoire, un morceau parmi plein d’autres qui nous permettent de construire notre Histoire. Car c’est bien cela la vocation de tel lieu : tenter de nous expliquer ce qui a eu lieu et faire en sorte que le passé ne tombe pas dans l’oubli afin que l’histoire ne se répète pas.
« First They Killed My Father »
« First They Killed My Father: A Daughter of Cambodia Remembers » est le premier mémoire de Loung Ung. Celle qui n’avait que 5 ans lorsque les Khmers rouges entrent dans Phnom Penh raconte ici ce qu’elle et sa famille ont vécu durant ces 4 années. Je n’ai pas encore eu la chance de lire ce livre mais celui-ci a été porté à l’écran en 2017 par Angelina Jolie, qui a coscénarisé le film « First They Killed My Father » avec Loung Ung. Disponible sur Netflix, le film reste difficile, triste, mais ne sombre pas dans une violence inutile malgré tout (bien qu’il y ait des scènes violentes). Ici, nous sommes exposés à ce qui se passait dans les campagnes du Cambodge durant cette sombre période. Un film très touchant.