Nos débuts à vélo : le départ de Phnom Penh
Après 6 mois de voyage, nous souhaitions changer un peu notre façon de voyager. L’idée était de sortir des sentiers « classiques » et de découvrir autrement les pays que nous visitions. C’est ainsi que l’idée de faire un bout de chemin à vélo est arrivée. Le projet initial était de se rendre de Phnom Penh à Siem Reap en vélo, soit de parcourir environ 380 km.
Le marché de Phnom Penh
Notre première étape était de trouver des vélos bon marché. Pour cela, direction le marché de Phnom Penh. De nombreux commerces proposent des vélos bas de gamme. « Regarde pour des vélos japonais. Ce sont supposément les vélos seconde-main les moins pires » me dit Ben, qui a lu sur quel vélo acheter ici. On essaie des vélos à la deuxième boutique. « Japanese bike! » nous dit la vendeuse. Ce sont des vélos à une vitesse, les guidons sont hauts (type vélos de ville), les selles tout de même confortables, mais on est loin des vélos de cyclotourisme habituels. Peu importe. Après quelques négociations, le tout est ok pour 100 USD, paniers arrière et avant en plastique et antivols compris. C’est un prix très raisonnable !
J’avoue néanmoins que jusqu’à la dernière minute, je reste sceptique sur la capacité de nos minuscules paniers à contenir nos sacs de voyage. L’histoire prouvera rapidement que j’avais tort : cela fit parfaitement.
Un premier test décourageant
Avant de se lancer dans un périple de presque 400 km, on s’est dit qu’il serait raisonnable de tester nos vélos. Pour cela, on décide de se rendre au Killing Fields (site commémorant le lieu où étaient exécutés les prisonniers de S-21) en vélo. Le site est à une douzaine de kilomètres au Sud de la ville, a priori un trajet facile pour s’exercer.
Et pourtant… ce trajet nous aura tout sauf conforté dans notre projet! Nous pensions rouler sur des chemins de terre ou des routes peu fréquentés, il n’en sera rien. Circulation intense, routes à plusieurs voix, rond-points! Tout le code de la route sera mis à rude épreuve. Heureusement que tout le monde conduit doucement ici et que chaque micro-accrochage est ponctué d’un sourire!
Néanmoins, nous mettrons 1h20 à l’aller et 1h au retour pour effectuer ces 12 kilomètres (ce qui en vélo est loin d’être un temps « efficace »). Rien d’éreintant physiquement mais épuisant mentalement : il faut regarder partout et faire attention à tout. Bref, un trajet test peu encourageant pour la suite. D’autant plus que notre projet implique de parcourir 100 km dès le lendemain… Autant vous dire que nous nous sommes endormis avec un certain doute sur tout cela.
Le départ
Vers 8h, nous voilà finalement prêt pour prendre la route. Le gardien du parking semble très intéressé/amusé par notre projet, ainsi que le groupe de vacanciers qui embarquent dans leur bus au moment où on charge nos vélos!
Vient le moment du départ. Notre expérience d’hier nous avait préparée à une sortie de Phnom Penh chaotique. Il n’en sera rien. Vers le Nord, le trafic est bien moindre. Ouf! Cela nous prendra tout de même environ 2 heures pour sortir de la ville et découvrir les paysages de la campagne cambodgienne. Et à ce moment-là, il n’y a plus aucun doute : le trajet va être sublime. Les paysages sont à couper le souffle : maison sur pilotis, champs à perte de vue, buffles d’Asie, vue sur le Mékong, des oiseaux partout! Nos efforts sont récompensés.
Le trajet se fait de village en village. Nous croisons de nombreuses habitations et beaucoup de personnes sur le bord de la route, soit autant de sourire et de hello – tous plus chaleureux les uns que les autres – pour ponctuer notre passage. Il n’y a aucun doute que cela nous aide à pédaler sous ce soleil de plomb ! Dans ce contexte, s’arrêter boire un thé froid ou un coca frais devient un moment magique.
Les kilomètres s’enchaînent. On avance bien. Arrive le moment où il faut traverser le Mékong. Pas facile de trouver l’endroit où prendre le traversier (Google Map n’est pas à jour, il faut chercher « Peam Chikong Ferry » sur la carte plutôt que de suivre le trajet du traversier sur l’eau). Ben va demander notre chemin à deux hommes sur le bord de la route. Difficile de se comprendre, notre khmer est très rudimentaire… Ben montre une image de bateau sur son portable, ils comprennent ce que l’on cherche et nous donnent quelques indications. On rebrousse chemin, après quelques mètres et un tournant à gauche, on s’approche de l’eau. Il y a des buvettes, ça doit être ici. On réutilise la stratégie de l’image du bateau sur le portable pour se faire comprendre. La réponse des messieurs qui tiennent la buvette est peu claire mais ils nous font signe d’attendre ici. On doit être au bon endroit.
Finalement, on voit un bateau s’approcher. Il se met à quai (une route de terre qui entre dans l’eau du fleuve) et débarque ses passagers. Au moment où on s’approche pour embarquer, nos nouveaux amis de la buvette nous crient « thirty, thirty ». Que veulent-ils dire ? On essaie d’avoir des explications. Est-ce que le bateau part dans 30 minutes ? À 14h30 ? Attend 30 personnes ?
Peu importe, l’histoire fera qu’on ne se comprendra jamais réellement sur ce point. On finira par embarquer sur le traversier au moment où d’autres personnes le feront. Le bateau partira quelques minutes plus tard.
Après 15 minutes de traversée, nous revoilà sur la terre ferme. Il nous reste environ 20 km à parcourir. Les hello et les sourires sont encore au rendez-vous, et c’est tant mieux parce que la fatigue est tout de même présente (c’est sûr que ces derniers mois, on ne s’était pas vraiment entrainé pour rouler ce genre de distance…).
Mais les surprises sont toujours au rendez-vous. À 15 km de notre destination Kampong Cham, le pneu avant de Ben crève. L’arrivée devra attendre un peu. Par chance, un réparateur de vélo se trouve à 50 m du lieu de la crevaison. Un p’ti gars qui a vu que nous étions mal pris nous y accompagne. Ses amis ne tardent pas à nous retrouver pour regarder le réparateur s’occuper de la crevaison en un rien de temps. Peut-être 20 min après s’être arrêté, on repart. Cette fois-ci, on va finir par arriver. Ai-je mentionné que reprendre la route après s’être refroidi ainsi n’était pas forcément le plus agréable pour les cuisses ?
Finalement, nous arrivons à Kampong Cham vers 17h après 99,65 km de parcourus ! On est fatigués et couverts de poussière – c’est quasiment gênant de s’enregistrer dans l’hôtel dans cet état ! – mais ravis de cette première journée. Malgré les relatives difficultés, nous avons adoré parcourir cette distance à vélo. Il n’y a plus de doute pour nous : on prendra le temps qu’il faudra mais on se rendra à Siem Reap en vélo. Et nous sommes également d’accord sur le fait que demain, c’est repos 😀
finalement les vélos c’était une bonne idée ; et en plus ils ne sont pas en aussi en mauvais état
BRAVO
Bonjour,
Nous sommes 2 couples de francais qui ont le projet de partir faire du vélo au cambodge début 2020.
Au hasard de mes recherches ,je suis tombé sur votre blog « Eastbound express » .
Je ne veux pas vous flatter mais un grand bravo pour ce que vous avez accompli,peu de gens en sont capables.
Pour ce qui nous concerne nous sommes des seniors et un périple cambodgien nous ira tres bien.
Aussi j’ai une question, vous rappelez vous à quel marché de Pnom penh vous aviez acheté vos vélos
car vous aurez deviné , nous souhaitons de simples vélos, comme ceux que vous aviez acheté.
Un grand merci si vous lisez et répondez à ce message.
bien à vous
miguel labbe
Bonjour Miguel,
Un grand merci pour votre message! Votre projet a l’air très chouette.
Ce que nous pourrions vous partager comme conseils : le Cambodge est un pays agréable pour pédaler, il y a peu de dénivelés alors cela rend le tout plus facile. Par contre, ne sous-estimez pas le traffic, surtout dans les grandes villes et à leurs abords, ainsi que sur certaines autoroutes (disons que ce n’était pas les portions où nous étions les plus sereins…). Trouver des routes de terre secondaire – bien que moins efficaces pour pédaler – peut être plus agréable.
Pour les vélos, nous les avons acheté aux alentours du Orussey Market (il y a des stands ouverts dans les rues autour du marché – nous avons acheté les nôtres sur la rue Oknha Tep Phan). Ils étaient single speed, de qualité « très basic » et ont bien tenu, mais je crois que nous avons été chanceux (ex.: nous avions toujours un souci proche d’un réparateur, mais à refaire, nous aurions prévu quelques outils pour patcher les chambres à air / regonfler les pneus etc.). Notez que si vous êtes habitués à faire du cyclotourisme, vous allez trouver cela beaucoup moins confortable et efficace que de réel vélo de cyclotourisme.
Également, il est facile d’avoir une carte SIM là-bas, ne vous en privez pas pour être joignable sur la route et avoir accès à une carte (je crois que notre SIM a couté 5 US et incluait pas mal de data).
Notez qu’il y a des portions de route où nous devions rouler de grandes distances tout de même avant de trouver une auberge ou un hôtel. À vous de voir quelle distance vous souhaitez faire, selon votre expérience et le degré de confort que vous recherchez.
J’espère que cela vous aide.
Je vous souhaite un bon voyage. Soyez prudents sur la route !
Aline