À travers la chaîne Selkirk et le col Rogers
La Colombie-Britannique nous en a déjà mis plein les yeux (et les jambes !) avec le canyon du Fraser. Nous nous préparons à être tout autant émerveillés par notre traversée des montagnes. En premier, nous devons traverser la chaîne Selkirk (qui fait partie de la chaîne Columbia) et emprunter un premier col de montagne, le fameux col Rogers.
2 juin : Départ de Kamloops, bien accompagnés
Jour 13 vélo (15 total) : Kamloops à Sorrento (82,26 km)
Nos hôtes, Marion et Brian, ont mis en place une charmante tradition : accompagner leurs invités Warmshowers en vélo hors de la ville. Nous démarrons donc cette journée en parcourant 16 km tous les 4, jusqu’à l’A1. Excellente manière de se dire au revoir après deux jours chez eux. Sur leurs conseils, nous nous échapperons un peu de l’A1 en suivant la Dallas Road (qui longe l’A1 pendant 10km environ et nous épargne ainsi pour quelque temps le bruit du trafic!). Le reste de la journée se fait sur l’A1. L’accotement y est correct mais se réduit aux alentours de Chase. D’ailleurs, la côte pour entrer dans Chase pique dans les jambes!
Petite parenthèse mais pendant cette journée, plusieurs VR sont passés un peu proches de nous… Sur la route, on a rapidement appris à se méfier des VR de location. Je crois que les gens qui les louent ne sont pas habitués à la taille de leur véhicule et n’ont pas conscience du souffle qu’ils génèrent pour les cyclistes… À la différence des camions qui sont généralement très respectueux et se décalent autant que possible.
Le soir, on s’arrête pour camper au Shuswap Lake Motel & Resort à Sorrento.
3 juin : Première journée de pluie
Jour 14 vélo (16 total) : Sorrento à Sicamous (68,32 km)
On démarre la journée sous la pluie en finissant de ranger le camp. Nos kits de pluie se révèlent très utiles, bien que l’on ne garde pas le pantalon très longtemps : après une ou deux montées, il fait bien trop chaud pour les garder !
On lunche au Tim Hortons de Salmon Arms où on aperçoit un homme qui semble être un coureur avec des peintures sur le visage. Il finit son déjeuner avant nous. On le croisera quelques minutes plus tard sur la route : il court à travers le Canada ! Wouhaou !
Nuit au Monashee Motel, il pleut toute la nuit !
4 juin : Last Spike
Jour 15 vélo (17 total) : Sicamous à Revelstoke (74,50 km)
Météo capricieuse aujourd’hui : pluie, éclaircie, pluie, éclaircie… Nos vestes de pluie respirent bien, c’était définitivement un bon achat ! Sur la route, on s’arrête à Last Spike, lieu où le dernier crampon liant le chemin de fer transcanadien a été posé le 7 novembre 1885.
L’arrivée à Revelstoke est de toute beauté : le pont à l’entrée de la ville offre un magnifique point de vue sur les sommets enneigés des montagnes ! De quoi donner envie de continuer de pédaler.
Nuit dans un motel à Revelstoke, la pluie est encore au rendez-vous.
5 juin : Une première petite montée dans la montagne
Jour 16 vélo (18 total) : Revelstoke à Canyon Hot Spring (35,57 km) – 597 m de gain d’altitude
Nous nous sommes beaucoup questionnés sur comment découper notre trajet, la majorité des campings des parcs que nous devions traverser étant encore fermés à cette époque de l’année (et faire du camping sauvage dans les montagnes du BC ne nous enchantait pas vraiment). Nous avons alors convenu de faire une première petite journée de 35 km jusqu’à Canyon Hot Spring, un camping privé en amont du col Rogers.
Ces 35 km au sein du Parc National de Revelstoke se font étonnamment bien. Nous montons tout de même presque 600 mètres sur une distance assez courte mais la pente est assez douce : ça monte et ça descend tout le temps, mais l’inclinaison est moins terrible que ce que nous avons connu dans le canyon du Fraser.
Au Canyon Hot Spring, on prend une cabine pour la nuit pour partir tôt le lendemain matin (noter que c’est cher pour ce que c’est!). Comme on est arrivé tôt, on prend le temps de profiter des bains chauds (très chaud) proposés ici. Relaxer dans l’eau chaude en regardant les monts enneigés est une belle façon de finir la journée.
6 juin : La traversée du col Rogers (et mon premier grizzli!)
Jour 17 vélo (19 total) : Canyon Hot Spring à Golden (117,87 km) – 1 502 m de gain d’altitude
Départ à 8h. On entre rapidement dans le parc National des Glaciers. La vue sur les montagnes est superbe, la route aussi ! On voit nettement la différence dès que l’on rentre dans un parc national, la qualité de l’asphalte n’a rien à voir avec l’extérieur ! C’est très agréable et sécuritaire.
On croise plusieurs chantiers. Les gens de la construction nous avertissent que deux grizzlis sont dans les parages et de faire attention. On poursuit notre route, profitant du paysage et en étant tout de même aux aguets.
Jusque-là, la montée s’est bien faite, l’inclinaison est raisonnable mais on sent que ça monte. Arrivée proche du col Rogers, ça se gâte : l’inclinaison est plus sérieuse ! Il y a aussi beaucoup de travaux par ici. Je donne tout ce que j’ai pour gravir le col sans m’arrêter, c’est le défi du jour après tout ? Et nos efforts sont récompensés : arrivés en haut, la vue est superbe et une belle et longue descente nous attend également ! On reprend notre souffle et on commence à descendre vers le centre de la découverte du Col-Rogers.
En descendant, un camionneur nous interpelle « Be careful, there’s a grizzli near the road ». On poursuit, se disant qu’il doit être dans la forêt le long de la route. Mais il est bien plus proche ! Quelques secondes plus tard, on le voit : juste là, à moins de 10 mètres de la route, en train de manger. On reconnaît clairement que c’est bien un grizzli à sa fameuse bosse sur le dos ! Il est assez proche de la route pour qu’on soit capable de le voir distinctement – sans ralentir bien entendu. Il nous a vus aussi, mais son repas a l’air de plus l’intéresser que nous 🙂
Pause lunch au centre de la découverte du Col-Rogers pour visiteur, puis on repart.
On réalise rapidement que le plus dur dans cette journée n’est pas le col Rogers mais ce qui vient après : après une belle et longue descente, les montées reprennent ! Malgré cela, on choisit tout de même d’aller plus loin que prévu, jusqu’à Golden, pour pouvoir prendre une journée de repos là-bas.
La route vers Golden est belle, longeant les montagnes. Après presque 120 km et 1500 m de gain d’altitude, on s’installe rapidement dans notre chambre au Dreamcatcher House et on s’endort très vite !
7 juin : Repos à Golden
Jour OFF à Golden (20 total)
Journée relaxe au Dreamcatcher House. On profite de la cuisine commune pour se préparer un bon brunch. On croise également un visage familier : le coureur que l’on avait croisé sur la route il y a quelques jours ! Il reste lui aussi dans cette auberge. On découvre alors qu’il s’agit de Brad Firth (ou Caribou Legs). Brad Firth est un Autochtone coureur d’ultra-marathons. Si ma mémoire est bonne, il en est à sa 4ème traversée du Canada ! C’est tout un personnage ! Il a décidé de courir à travers le Canada pour sensibiliser les gens aux enjeux des femmes autochtones, mais aussi de l’eau et des personnes âgés. Il nous parle de non-violence, de l’importance des coureurs-messagers pour son peuple, d’herbes médicinales et de pourquoi il court à l’inverse du trafic. Un court documentaire (accessible ici) a été réalisé sur lui en 2017.
Ainsi se finit la première portion de notre traversée des montagnes. On a senti nos jambes, mais on a surtout vu des paysages magnifiques ! Cela fait presque trois semaines que nous sommes partis de Victoria et à date on est très heureux d’avoir choisi cette façon de voyager pour notre retour. On espère conserver cet enthousiasme au fur et à mesure des kilomètres !
Bonjour,
Je lis avec plaisir votre journal, et j’envoie chaque jour par courriel une page de texte à une amie clouée au lit et sous respirateur artificiel depuis 2005 à cause de la sclérose latérale amyotrophique (maladie de Lou Gehrig). Cela l’aide à passer le temps. Je vois que le journal s’arrête après les Rocheuses, prévoyez-vous publier le récit de vos dernières journées de votre voyage?
Bonjour Bruno,
Merci beaucoup pour votre message. Très touchant de savoir que vous partagez nos textes à votre amie, d’autant plus considérant sa condition.
Nous avons pris un peu de retard mais oui la suite des récits s’en vient. Je posterai l’article sur Facebook (https://www.facebook.com/EastboundExpress), si jamais cela peut vous aider à voir la publication.
Merci encore pour votre message,
Merci Aline!
Rebonjour. Notre amie est décédée cette semaine, mais elle a continué de profiter de chaque nouvelle page de votre journal jusqu’au bout. Merci de l’avoir accompagnée pour un petit bout dans son long combat.
Bonsoir Bruno. Mes sympathies pour votre amie et désolée de cette triste nouvelle. Malgré les circonstances, merci pour votre message. Cela nous touche de savoir que nos récits étaient suivis par votre amie. Bon courage à vous dans ces moments difficiles.