Nouvelle semaine pleine de défis
Après un peu de repos et le plein de calories, il est temps de reprendre la route. Désormais aux États-Unis, on espère que cette semaine sera plus calme que la précédente. L’arrivée est encore loin et nous avons encore plusieurs milliers (!) de kilomètres à parcourir ». Le plus important : garder le mental et ne pas se laisser décourager par les éléments. Mais après les orages, d’autres défis nous attendent…
1er juillet : Une lente reprise
Jour 38 à vélo (44 total) : Thief River Falls à Bagley (107,40 km)
8h30 : départ de notre hôtel. Il fait doux, c’est bien pour démarrer. On se réchauffera très rapidement lorsque deux petits chiens non attachés, et étonnamment rapides, décident de sortir de leur terrain (sans grillage) pour nous courser… Finalement, cela nous ramène vite à la réalité. Comme notre moral a du mal à remonter ce matin, on s’arrête déjeuner dans un diner, le Nesscafé à Erskine (jonction de la 59 et de la 2). L’habituelle familiarité des serveuses de diner nous fera du bien. La journée se poursuit, on croise de nombreux Amish sur la route, on se salue entre utilisateurs de moyens de transport non-motorisés : nous à vélo, eux dans leur charrette poussée par leurs chevaux.
On ressent un peu d’ennui dans cette journée sans grande surprise. Jusqu’à un premier événement insolite : la première crevaison de Ben ! Une visse est rentrée directement dans son pneu. Après une pause de 30 min, nous voilà reparti.
À Bagley, on s’installe au camping « Farm by the lake ». La météo semble ok, quelques risques d’éclairs à 20 h mais cela doit être passager et surtout très léger. Il n’y avait plus de cabines mais on peut camper sur le terrain vague qui sert de parking lors d’événements : le terrain est juste pour nous! On s’installe, on relaxe un peu au bord du lac et on soupe.
Mais vers 22h, on comprend que l’orage sera plus sérieux: beaucoup de pluie, beaucoup d’éclairs, et un tonnerre beaucoup trop proche pour nous ! De nouveau, on se réfugie dans les salles de bains… Dure journée de redémarrage…
2 juillet : Finalement, un faux départ
Jour 39 à vélo (45 total) : Bagley à Bemidji (53,59 km)
Le temps de se lever, de sécher la tente, de ranger nos affaires et de rassembler toute notre motivation, on part vers 10h30 du camping. Un peu découragés. On roule jusqu’à Countryside (restaurant avant l’entrée dans Bemidji), où on s’arrête pour le déjeuner. Les gens nous abordent, un monsieur apprend qu’on vient du Canada et nous explique à quel point il aime les Canadiens. Il paiera d’ailleurs notre addition au moment de partir, très gentil de sa part ! Tous ces petits gestes d’encouragement ont énormément de valeur pour nous, surtout étant donné l’état de notre moral…
On regarde la météo, les prévisions ne sont pas superbes pour les prochains jours. Pas question de rouler sous l’orage, on a assez donné. On s’arrêtera à Bemidji ce soir, et surement demain également.
3 juillet : Bemidji, le Mississipi et Paul Bunyan
Jour OFF à Bemidji (46 total)
Cela n’est pas commun de prendre une journée de repos après seulement 2 jours de vélo, et peu de kilomètres, mais les orages dans cette portion du continent n’ont rien de drôle. On ne parle pas des orages montréalais ici. Vents violents, grêle, risques de tornade (!) et surtout la foudre… aucun des paramètres avec lesquels on souhaite composer en vélo et encore moins dans une tente pour la nuit…
Cela nous permet de passer un peu de temps à Bemidji, ville de 15 000 habitants. Nous sommes tout proches de la source du Mississippi : le cours d’eau démarre au Lac Istaca, non loin de Bemidji, avant de commencer sa descente de plus de 4 000 km vers le Golfe du Mexique. On peut aussi aller rencontrer une icône de renom aux États-Unis : des statues du bucheron Paul Bunyan et de son bœuf bleu « Babe » !
4 juillet : Les mouches à chevreuil
Jour 40 à vélo (47 total) : Bemidji à Grand Rapids (121,32 km)
Reprendre la route ou non ? On hésite, la météo n’est pas claire, mais la journée d’hier a été calme malgré les alertes d’orage. Avec nos péripéties des derniers jours, on fait peu confiance à notre jugement mais on décide quand même de partir : il faut avancer. Vers 10h, nous voilà en route, sous un grand soleil (déjà chaud!). La pause glace après 60 km sera appréciable. Aujourd’hui, on traverse une forêt (Chippewa National Forest). Les vues sur les cours d’eau et lacs sont très belles, mais un nouveau défi nous attend : les mouches à chevreuil (appelées également mouches à cheval ou encore taon) Comble de l’ironie, savez-vous ce qui attire les deer fly ? Le mouvement de sa proie ! En vélo, c’est mal parti pour nous… Vous pensez que nous pouvons les semer ? Absolument pas, en plus d’être attirée par notre mouvement, ces mouches volent plus vite que l’on ne peut rouler, nos pointes à 30 km/h ne suffisent pas à les semer… Mais jusque-là, elles viennent surtout nous intimider, aucune morsure n’est enregistrée aujourd’hui.
Pour la soirée, tous les campings sont complets (nous sommes le 4 juillet), on s’arrête à Grands Rapids dans un charmant motel (Hotel Rapids). Je leur avais demandé avant d’arriver si on pouvait rentrer nos vélos dans la chambre pour la nuit, ils ont dit oui sans souci. À notre arrivée – à vélo – la dame semble bien étonnée « Whoua, je croyais que vous seriez en voiture avec vos vélos sur le toit… ».
5 juillet : Exercice de concentration
Jour 41 à vélo (48 total) : Grand Rapids à Duluth (133,66 km)
Un cadeau inestimable ce matin : du vent de dos ! Enfin, un peu d’aide. On roule entre 25 et 30km/h ! Les mouches noires viendront tout de même nous rappeler à la réalité. Leur présence constante est fatigante, mais elles semblent juste intéressées à nous intimider et jouer sur notre patience. Cela prend quand même beaucoup de volonté pour rester concentré sur la route et non leur présence… Par chance, les quelques montées / descentes que l’on aura dans la journée semblent les décourager, un peu.
Vers 18h, on arrive à Duluth après une grosse journée de 133 km ! Le camping Indian Point Campground est l’un des plus chers que nous aurons payé (34 USD soit 45 CAD !), cher payé pour une nuit entre 2 VR…
Conseil aux cyclistes : ne pas suivre la recommandation de Google de passer par la Waterfront Trail pour rejoindre ce camping, c’est un (joli) chemin de garnottes qui longe le lac, mais vraiment pas adapté pour des cyclotouristes.
6 juillet : Entrave (involontaire) aux règles de circulation
Jour 42 à vélo (49 total) : Duluth à Ashland (120,58 km)
La sortie de Duluth est un défi : interdiction pour les vélos de rouler sur les Interstates (dont la 35). Veillez à bien suivre la piste cyclable qui vous permet de traverser le pont vers la ville de Superior. Dans Superior, une autre piste cyclable longe la 2 pour traverser la ville. Mais cette piste devient un chemin de gravier par la suite, ce sera le moment de reprendre la 2. Problème : la 2 et la 35 (Interstate) sont encore confondues ici, donc l’interdiction de vélos est encore valide… Notre entrée au Wisconcin se fera donc en toute illégalité. Impossible de faire demi-tour sur la 2, on roule quelques mini-km dans l’interdit avant de rejoindre la County UU. La route longe le parc Amnicon Falls, c’est très calme et sauvage. On ne croise pas une seule voiture ! Par contre, notre rythme est assez lent : 30 km en 2 h, et nous sommes encore à 90km de notre destination.
On arrive en fin de journée à Ashland. On s’installe au seul camping encore libre – et un peu creepy… – de la ville. Je vais chercher à manger pendant que Ben monte le camp. En route, je profite de la vue de l’eau de la baie Chequamegon et des bernaches au bord de l’eau.
Une dernière épreuve avant le nuit : les moustiques ! Le camping semble situé sur un ancien marais, l’humidité ambiante est un terrain fertile pour eux… Je ne suis pas gênée de dire que je n’ai jamais vu autant de moustiques se rassembler autour de nous en aussi peu de temps ! Décidément, un irritant en attire un autre, et nous sommes encore loin d’avoir fini notre traversée…