Les dangereuses routes d’Ontario
Notre trajet aux États-Unis est sur le point de s’achever et nous nous préparons à apprivoiser les routes de l’Ontario. Celles-ci ont bien mauvaise réputation pour les cyclistes, et en particulier la fameuse autoroute 17, la suite de la transcanadienne. Le sujet de conversation de prédilection ? Comment l’éviter !
13 Juillet : De retour au Canada
Jour 48 à vélo (56 total) : Newberry à Sault Ste Marie (114,85 km)
Départ vers 8h40, sous la grisaille. La pluie est au rendez-vous. Nos kits de pluie sont bien utiles. Vers 13h30, on a roulé 70 km et la pause lunch est de mise. On continue notre route vers le Canada, sur la 28, avant de bifurquer à l’entrée de la 75 : c’est une Interstate (interdite aux cyclistes). On suit ensuite la Machinac Trail (H63). Pour rejoindre la frontière, nous devons traverser un pont (3,50 US pour deux passages). Après de rapides formalités douanières, nous voici de retour en sol canadien. Première chose que nous voulons faire : visiter un bureau de Poste Canada et envoyer un nouveau colis de 3 kg (incluant l’extension de notre tente). Puis : aller au A&W tester le nouveau burger végétarien Beyond Burger. Et finalement, s’installer au camping de la boutique Vélorution, qui accueille gracieusement les cyclistes de longues distances.
14 Juillet : Le jour où j’ai eu un chien
Jour 49 à vélo (57 total) : Sault Ste Marie à Iron Bridge (115,11 km)
Départ vers 9h30. Notre défi de la journée : comment avancer en évitant autant que possible la 17. Le sujet semble récurrent parmi les cyclistes qui s’arrêtent à Vélorution. Pour sortir de Sault Ste Marie, on suit la piste cyclable avant de prendre la 17b. Celle-ci est dans un état relativement correct, sans accotement mais le trajet est agréable comme il y a peu de trafic. On lunche à Echo Bay au pied d’un dollar géant puis on repart sur une petite route de campagne : la 638. La route est belle, mais il y a de sérieuses côtes (on nous avait prévenus à Vélorution). On poursuit tout de même jusqu’à Gordon Lake Road, mais on avance doucement. Voyant le temps filer plus vite que les kilomètres, on se résigne à aller tester la bien mal réputée 17. On constate rapidement que l’accotement est ridiculement petit… C’est stressant étant donnée la vitesse des véhicules sur la route.
Pause rafraichissement. Une dame nous demande de garder sa chienne pendant qu’elle fait quelques courses. Elle est superbe (une chienne d’ours de Carélie), voilà de quoi nous faire oublier le stress de la route. Cette pause détente nous fait du bien.
On reprend la route pour nos derniers 50 km. La vue sur le lac Huron adoucit la ride. Vers 18h30, on s’arrête au camping Yellow Butterfly. La propriétaire nous confirme de nouveau la mauvaise réputation de la 17…
15 Juillet : Intimidation sur la route
Jour 50 à vélo (58 total) : Iron Bridge à Massey (102,02 km)
Départ vers 9h45. On reprend la 17, pas d’alternative possible pour le moment. Nous sommes dimanche alors il y a peu de trafic. Heureusement car l’accotement est encore petit et il y a de nombreux travaux qui nous obligent à nous faufiler de l’accotement de droite à celui de gauche. Heureusement, les paysages sont magnifiques ! On longe le lac Huron, qui nous offre une vue miroir parfaite ce matin. Les paysages évoluent, de plus en plus de formations rocheuses longent la route. Jusqu’à maintenant, notre expérience de la 17 est peu agréable mais pas dramatique.
Après 95 km, nous voilà sur une longue ligne droite. Comme partout sur la 17, l’accotement est ridiculement petit (moins large que mon guidon…). À droite de l’accotement, un gros tas de gravier. On entend un camion arriver derrière nous, au loin. Comme on est sur une ligne droite, il a une belle visibilité pour nous voir, et constater qu’il peut se décaler sur la voie de gauche pour nous laisser de l’espace, ou au moins ralentir. Mais au lieu de cela, celui-ci se met à nous klaxonner. Un peu, puis de façon plus insistante… On l’entend se rapprocher, on comprend rapidement qu’il n’a ni l’intention de ralentir, ni de se décaler. On se tasse dans le tas de gravier, ce qui se solde sans surprise par nos deux chutes… Aucune blessure majeure autre que des éraflures et une certaine frustration. Pas vraiment le goût de rouler plus après cela, on s’arrête peu de temps après cet incident, un peu amer.
16 Juillet : Dormir avec les ours
Jour 51 à vélo (59 total) : Massey à Sheguiandah (89,93 km)
Après une nuit de sommeil, nous reprenons la route. Aujourd’hui, on cherche à éviter la 17 autant que possible. Nous prenons la Lee Valley Road, très jolie route de campagne qui nous mène jusqu’à Espanola. C’est à Espanola que se décide la suite du périple : poursuivre « tout droit » à travers l’Ontario via la 17 ou contourner par le sud par l’île Manitoulin. Sans surprise, on choisit l’option 2. On bifurque donc vers le sud sur la 6. Cette route est superbe : bel accotement et bitume de bonne qualité (une première en Ontario!). La route est assez vallonnée mais agréable, on découvre aussi qu’il y a beaucoup de vent au bord de l’eau (l’île Manitoulin se trouve dans le lac Huron).
Notre fin de journée est un petit défi entre le vent et les montées. On est content de s’arrêter au camping Green Acre, tout proche du lac. Fatigués de notre journée, on soupe et on se couche. Par acquit de conscience, on vérifie ce qu’il en est des ours ici : l’île Manitoulin est réputée pour compter de nombreux ours noirs (je me souviens avoir lu que c’est sur cette île que se trouverait la plus grande concentration d’ours noir en Ontario). Le temps de mettre notre nourriture en lieu sûr, nous voilà couché.
Mais vers 2h, un bruit proche de notre tente nous réveille… Quelque chose rode proche de nous. J’attrape une lampe de poche et sors de la tente à toute vitesse ! J’aperçois des petites formes partir de notre emplacement : probablement une marmotte et ses petits. (Note aux lecteurs : sortir brusquement de sa tente sans savoir quel animal est dehors n’est pas forcément l’idée la plus brillante de la Terre) On retourne se coucher et on se rendort mais rapidement, on ré-entend du bruit. Cette fois-ci, le bruit est métallique : le couvercle de la poubelle (situé à 50 m de notre camp). Un animal est en train de l’ouvrir pour récupérer de la nourriture… Ben sort, doucement cette fois-ci. Il éclaire un peu dans cette direction, puis aperçoit – sur la table de pique-nique à 30 m de nous – une masse noire qui fuit vers le bois… Aucun doute, il s’agit d’un ours. Notre sommeil sera léger cette nuit…
17 Juillet : Camper au bord de la baie Georgienne
Jour 52 à vélo (60 total) : Sheguiandah à Lion’s Head (97,06 km)
On repart vers 9h, fatigués de notre nuit agitée. On arrive à midi à South Baymouth, en avance pour le ferry de 13h30. Au moins, on est dans les premiers dans la file d’attente. On en profite pour discuter avec deux cyclistes, Laura et John, qui nous donneront plein de conseils pour la route ainsi que quelques provisions, très gentils de leur part. La route est facile aujourd’hui. Notre défi de la journée sera de trouver une place dans un camping : cette région est très touristique ! On trouve finalement une place au très simple mais charmant Bluff Campground. Notre tente est directement face à la baie Georgienne ! On a également la chance de rencontrer un très gentil couple d’Allemands, Sébastian et Kathrin, qui voyage au Canada pour quelques semaines avec leur nouveau-né.
18 Juillet : Des eaux bleues émeraudes
Jour 53 à vélo (61 total) : Lion’s Head à Owen Sound (75,17 km)
Comme nous n’avions plus de provision pour le petit déjeuner, la journée démarre dans un Diner de Lion’s Head (Rachel Bakery). Le vrai départ aura lieu vers 11h, la journée sera relax. On roule sur la 9 (Waterfront Trail). Les vues sont très belles. On s’arrête à Colpoy’s Bay pour un snack, la vue sur l’eau bleue émeraude de la baie Georgienne est splendide et vaut la peine de s’y arrêter.
Pour se rendre à Owen Sound, on alterne plusieurs routes : un peu la 6 (dont l’accotement est désormais très petit), puis la 17 et la 17A et finalement la 1. On rejoindra un peu la Waterfront Trail à l’entrée de la ville. Après une pause rapide au magasin de vélos, direction le motel qui sera notre chez nous pour la prochaine journée : demain c’est repos.
19 Juillet : Journée mécanique
Jour OFF à Owen Sound (62 total)
En vélo, les journées de repos sont rythmées par notre sommeil, nos repas et de la mécanique de vélo ! Après plusieurs milliers de kilomètres parcourus, il est temps de changer nos chaînes de vélo (la mienne n’a pas été changée depuis notre départ / l’achat du vélo, soit il y a plus de 5 000 km, Ben avait changé la sienne une première fois dans les Rocheuses). On profite tout de même de la journée pour luncher au Bleeding Carrot, un des restaurants végétariens de la ville.