Au fil du Saint-Laurent
Vous vous en doutez, reprendre la route après deux journées chez ses beaux-parents, ce n’est pas la chose la plus simple ! Qu’il est tentant de rester dans le confort d’une maison, surtout qu’un de nos chats nous attendait là-bas. Mais on a déjà fait plus des trois quarts du parcours, ce serait dommage de s’arrêter là. Le confort peut attendre encore un peu.
Nous hésitions encore entre Halifax et Saint-Jean de Terre-Neuve (St John’s) pour notre destination finale. Nous choisirons finalement Halifax. La raison est simple : revenir à Montréal depuis St John’s sans prendre l’avion est un gros casse-tête qui nous prendrait beaucoup de temps. Mais aussi pour s’y rendre, les traversiers ne partent que quelques fois par semaine ce qui nous laisse peu de marge de manœuvre. Finalement, Halifax est souvent considéré comme l’étape finale des traversées du Canada en vélo (la plupart des « records » sont établis sur la base d’une traversée Vancouver – Halifax). Et un train de nuit nous permettra de rentrer d’Halifax à Montréal directement, en restant fidèle à notre concept de voyage.
31 juillet : Traversée express de Montréal
Jour 63 à vélo (74 total) : Lasalle à Louiseville (122,81 km)
À 10h, on part de la maison. Gaétan, le père de Ben, roule avec nous jusqu’à Vieux Port, chouette de partager ce moment ensemble. La route le long du canal Lachine est très agréable et nous amène jusqu’au centre de la ville. On fait une pause devant la Cité des Sciences, Gaétan nous laisse poursuivre notre route pour la suite. Après un rapide détour à La Cordée (où on trouve enfin de chambre à air pour la taille de mes pneus), on repart sur la Route verte 5. À Repentigny, une dame en vélo nous aborde « Vous êtes chanceux de voir de nouvelles choses tous les jours ». On poursuit vers Louseville, via la 138 (Chemin du Roy). Le soir, on s’arrête au « 100 St Laurent », un bed and breakfast Bienvenue cyclistes! qui a d’ailleurs l’habitude de préparer des déjeuners végétaliens.
1 août : Retrouvaille familiale sur la route
Jour 64 à vélo (75 total) : Louiseville à Portneuf (111,15 km)
On repart vers 10h après un bon déjeuner végétalien. On roule sur la 138, on traverse Trois-Rivières. Comme toujours, traverser des villes n’est jamais plaisant. Entre les travaux, les voitures, la recherche de la route, ce n’est pas top. Mais j’ai été surprise par le tempérament « latin » de nos amis du Québec : c’est simple, il n’y a qu’au Québec que des automobilistes nous ont crié dessus (et notre façon de rouler / respecter le Code de la route a été le même partout…). Un peu plate disons.
Mais notre journée est marquée par un événement plus important : nos retrouvailles avec Jérémie, le frère de Ben, et sa blonde Martine, et surtout la rencontre de notre nièce née durant le voyage. Avide cycliste, Jérémie nous rencontre sur la route, nous roulerons ensemble jusqu’à sa voiture. À Portneuf, on démonte nos vélos pour se rendre – en auto – au chalet familial de Martine. On reprendra la route au même endroit ici demain matin.
2 août : Traverser vers la rive Sud
Jour 65 à vélo (76 total) : Portneuf à Pointe St Michel (94,85 km)
Il était déjà difficile de reprendre la route après 2 jours chez ses beaux-parents, imaginez un peu après avoir passé la soirée et la matinée avec sa nouvelle nièce ! Après avoir rassemblée toute notre motivation, nous voici de retour à Portneuf à 11h pour démarrer la journée. Il y a beaucoup de vent le long du Saint-Laurent, une chance qu’il soit dans « le bon sens » pour nous. On reprend la 138. À Québec, la montée du Cap-Rouge nous calme. Je crois qu’on n’a pas suivi la meilleure route. Une pause est de mise. On redescendra la butte pour récupérer la piste le long du Saint-Laurent, très jolie, jusqu’au traversier pour Lévis. Après avoir traversé le fleuve, on roule sur une jolie piste cyclable avant de rejoindre la 132. On aperçoit les chutes de Montmorency de l’autre côté de la rive ainsi que l’île d’Orléans, très beaux paysages. Arrêt dans un camping de Pointe St Michel, 40 CAD pour la nuit, dommage qu’il n’y ait pas de Bienvenue Cyclistes! à proximité…
3 Août : Dormir au pied du Saint-Laurent
Jour 66 à vélo (77 total) : Pointe St Michel à Rivière Ouelle (107,38 km)
La 132 nous fait traverser de jolies villes et villages du Québec. À l’Islet, on se serait bien arrêtés visiter les bateaux, mais on profite du vent dans le dos pour avancer.
Vers 17h, on fait une pause à La Pocatière. Une dame – cycliste – m’aborde pendant que Ben fait l’épicerie. On discute de notre voyage, et elle me raconte qu’elle est ici pour participer au Grand Tour 2018, une ride organisée par Vélo Québec entre La Pocatière et Rimouski. Près de 2 000 cyclistes participent à cet événement, clairement on ne sera pas tout seuls sur la route demain ! Le soir, on campe à Rivière Ouelle, camping Bienvenue Cyclistes! On aura le site 4, directement en face du Saint-Laurent. Le coucher de soleil est de toute beauté.
4 Août : Du monde sur la route
Jour 67 à vélo (78 total) : Rivière Ouelle à St Antonin (79,77 km)
Comme prévu, on est entouré de nombreux cyclistes aujourd’hui. Clairement, chargés comme on l’est, cela paraît qu’on ne fait pas partie de l’événement. Mais on va tous dans la même direction quand même. On discute avec certains cyclistes et les organisateurs. À Kamouraska, on prend une pause mécanique (un pneu dégonflé) qui deviendra une pause déjeuner : les Matines servent des assiettes de gaufres au froment végétaliennes. On reprend la route, sur la 132. Un peu après Rivière-des-Caps, on bifurque sur « la route du fleuve », et pour rien au monde vous ne devriez louper cette portion ! La route tient la promesse de son nom, et longer le fleuve par cette journée – juste à peine embrumée – offre de superbes vues. Pause épicerie à Rivière-du-Loup avant de poursuivre vers le camping. On teste la piste du Petit Témis (Route verte 8), mais à cet endroit elle est faite de petite roche, pas idéal. On finira sur la route de la Rivière Verte.
5 Août : Arrivée au Nouveau-Brunswick
Jour 68 à vélo (79 total) : St Antonin à Edmundtson (104,35 km)
On roule sur la 85 ce matin. Comme c’est une autoroute, c’est assez bruyant mais l’accotement est décent. On roule à travers des forêts de conifères, très jolis. Beaucoup de relief, de belles montées et descentes. On a aperçu le Petit Témis quelques fois dans la matinée, et la piste semble encore faite de gravier / garnottes. Proche de St Louis de Haha!, on doit quitter la 85 (qui devient interdite aux cyclistes), on suit la piste qui est proposée. Elle est clairement peu utilisée étant donné la verdure qui s’y est installée, mais elle nous permet de rejoindre une voix de service qui nous mènera à Cabano. Pour la suite, la 85 est encore interdite aux vélos, mais la piste du Petit Témis est désormais adéquate pour nos vélos (piste du type « poussière de roche »). On roule le long du lac Témiscouata, très joli.
On arrive en fin de journée au Nouveau-Brunswick, on roule tantôt sur le prolongement de la Route verte, qui s’appelle désormais NB Trail, tantôt sur la voix de service asphalté à côté.
Ce soir, on arrive au Panoramic Camping vers 19h30, déjà tard. On réalise qu’en changeant de province, on a aussi changé d’heure : il est 20h30 ! On s’installe à côté d’un petit étang plein de canards. La gentillesse des propriétaires du camping et des autres campeurs est à souligner, un monsieur fêtant ses 50 ans nous proposera même de son gâteau d’anniversaire !
6 Août : La fête du Nouveau-Brunswick
Jour OFF à Edmundston (80 total)
Comme la météo est hasardeuse et que nous sommes dus pour un jour de repos, on choisit de rester ici (mais dans un motel pour éviter l’orage). Par contre, on se fait surprendre par le calendrier : c’est la Fête du Nouveau-Brunswick aujourd’hui, tout est fermé !
Une politique de Transport Québec prévoit que toutes les nouvelles routes et les routes rénovées comportent un épaulement de près de 2 mètres au-delà de la bande blanche. C’est encourageant.
Un Australien qui a fait la traversée du Canada à bicyclette il y a 7 ou 8 ans nous avait parlé de l’excellent réseau de pistes et routes cyclables du Québec, et de la qualité du guide routier. Par contre, lui et un autre nous ont mentionné que le revêtement de gravier du Petit Témis était très mal adapté aux deux roues. Il faudrait se plaindre, ce défaut d’ingénierie serait facilement corrigé.